LE VILLE DE BOUGIE n° 2
Tous les jours nous découvrons des nouveautés qui viennent enrichir notre Site, notre Journal et vous en donner la primeur. Cette fois ci, c'est notre Ami Louis Aymes qui nous a informé, avoir trouvé, lors de ses recherches, qu'un premier navire à porter le nom de "Ville de Bougie" avait existé bien avant les deux que nous connaissions

Ce navire a existé de 1878 à 1917

Vapeur de 508tx. construit en 1878 dans les chantiers navals C.S. SWAN de Wallsend à Newcastle en Angleterre sous le nom de "Henri Fisher" pour l'armateur anglais Fisher Renwick & Co.

En 1903 il devint le "Cap Levi" pour la compagnie Le Pont & Sons.
En 1905 il est racheté par la Cie Schiaffino et A. Jouvet et prend le nom de "Ville de Bougie", ville d'origine de M. A. Jouvet.
Navire de 534t. - longueur 50,6m - largeur 7,8m - 1 hélice - 2 chaudières

Il fut réquisitionné par l’État français pendant la Première mondiale et transformé en patrouilleur.

Le VILLE DE BOUGIE appareille d’Alger le 21 Février 1917 avec un chargement de 10 tonnes de carbure de calcium pour Bône. Capitaine LE BARBU. 13 hommes d’équipage tous français (capitaine inclus)

Le 22 février 1917, au matin, il est en vue du cap Sigli (aujourd'hui cap Sioli), route au S80E à 8,5 nds pour doubler le cap.
Il commence le décrassage d'un foyer de chaudière et la pression de la vapeur tombe à 4/5 kg, réduisant sa vitesse.
Beau temps très clair, mer calme.

A 07h35, il est attaqué au canon par un sous-marin venant du NW et distant de 3 à 4 milles. Le capitaine fait aussitôt hisser à mi-drisse le pavillon français, fait amener l'embarcation tribord au ras de l'eau et met le cap sur la côte pour échouer son navire. Le sous-marin vient sur lui et tire entre 80 et 100 coups de canon à très brefs intervalles, avec deux pièces.
A 08h05, le navire fait côte sur la plage de galets située à 1 mille dans l'Est de Beni Ksila (ou Ben Nisila, aujourd'hui probablement Ksila Djemaa), à une vingtaine de km dans l'Est d'Azzefoun..
L'intensité et la précision du tir font courir un réel danger à l'équipage. Le capitaine fait embarquer tout le monde dans l'embarcation et gagne la côte. Le sous-marin cesse alors son tir.

La brise de terre se lève et remet à flot le bâtiment qui s'écarte. Le capitaine demande deux volontaires pour revenir à bord avec lui et mouiller l'ancre. Le second mécanicien Nisic et le matelot Gonzalès se portent volontaires et accompagnent alors le capitaine dans le canot vers le "Ville de Bougie". Mais le sous-marin reprend aussitôt un tir violent (plus de 50 coups) sur le navire qui est touché une dizaine de fois et coule à environ 300m. du rivage. Puis il s'éloigne vers le Nord.

L'équipage gagne à pied le poste de douane de Beni Ksila et embarque vers midi sur le torpilleur "Cyclone" qui se trouvait dans les parages et le dépose à Bougie dans la soirée.

Description du sous-marin attaquant :
Le sous-marin, 80 à 90m de longueur, équipé probablement de deux canons de 105 mm. L'officier enquêteur déclare qu'il présente toutes les caractéristiques de l'U45.Plus tard il fut admis qu'il s'agissait de l'U39 du Kl Walter Forstmann qui donnera comme position 36°55N-04°40E.

Ce commandant, l'un des plus redoutables parmi les sous-mariniers allemands, sera le second après von Arnauld de la Perière pour le nombre de navires attaqués, 157 dont 149 coulés pour plus de 400.000 tonnes de marchandises.
Walter Forstmann(1883-1973) avait reçu le croix "Pour le Mérite" le 12 octobre 1916.Il avait eu un premier commandement, l'U-12 (08/1914-02/1915), avant de prendre celui de l'U-39 (02/1915-10/1917).
Au cours de la seconde guerre fut chef de différents commandements en Norvège. Il quittera la marine avec le grade de capitaine de corvette (Kapitän zur see)et deviendra chef d'entreprise. Il est décédé à Essen le 2 novembre 1973.

La commission d'enquête estima que le Ville de Bougie aurait pu être sauvé si le capitaine Le Barbu avait mouillé une ancre au moment de l'échouage.

Le "Ville de Bougie" est coulé à l'Ouest du cap Sigli
Sources du reportage :
- Archives historique de la Marine - Château de Vincennes
- Wikipédia en ce qui concerne le Cdt Walter FORSTMAN
- Quelques sites Internet en ce qui concerne le sous-marin, le Ville de Bougie et le commandant.

Nous n'avons pas retrouvé d'image concernant le Ville de Bougie n° 1 mais quelques annonces sur les journaux de l'époque des listes des navires en instance.
Le torpilleur "Cyclone" qui recueilli l'équipage
Nous n'avons pas retrouvé de photos de l'U-39 mais celle de l'U-38 (même classe)
Des sous-marins allemands saisis à la fin de la guerre, certains furent plus tard démantelés et vendus comme le montre cette annonce des Domaines de Toulon datée de 1921 en ce qui concerne l'U-39 et l'UC-74

A vaincre sans péril on triomphe sans gloire !
Si on reprend la liste des navires coulés par le U-39 (type U-31), on constate que tous ces navires (de toutes nationalités) étaient marchands (voiliers, cargos à vapeur, chalutiers, pétroliers, paquebots...). Donc aucun risque pour le sous-marin puisque ces bateaux n'étaient pas armés. Mais c'était la guerre et tout ce qu'y flottait était susceptible de transporter les approvisionnements de l'ennemi. Les sous-mariniers ne faisaient aucun quartier et les marins ou civils survivants étaient abandonnés à leur triste sort quand ils n'étaient pas mitraillés pour effacer toutes traces en applications des ordres qu'ils recevaient de leur commandement.
En ce qui concerne le Kl Walter Forstmann, le seul bâtiment militaire qu'il coula le fut avec son premier sous-marin l'U-12 (type U-9), un dragueur de mines anglais, le Hms Niger.
Vous pouvez prendre connaissance du palmarès du Kt Forstmann sur ce site :
https://www.uboat.net/wwi/men/commanders/75.html

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